7 PECHES CAPITAUX DU PANAFRICANISME AFRO-CENTRISTE ANTICHRETIEN

Par Armel O

1. L'amalgame malhonnête : De penser que le christianisme équivaut à l'impérialisme européen.

2. La guerre (interne) contreproductive : De vouloir construire un panafricanisme (rassemblement de tous les afro-descendants) en stigmatisant ceux qui appartiennent au christianisme et à l'islam en les traitant d'aliénés. Ceci sème plutôt la division et non l'unité entre les africains.

3. Les incongruités théologiques : De penser qu'il y a plusieurs dieux selon les races qui n'exaucent que les personnes de leur race : le dieu des Européens, le dieu des Indiens, le dieu des Chinois, le dieu des Africains.... Ainsi est-il ridicule de penser que les prières des chrétiens africains profitent plutôt aux blancs en les vidant de leur énergie spirituelle au profit des blancs.

4. Le révisionnisme historique : De manipuler l'histoire en ne retenant que les endroits où certains chrétiens et hommes d'Eglise ont favorisé le déploiement de l'impérialisme occidental en oubliant les multiples contributions chrétiennes à la libération de l'Afrique et des peuples noirs hier et aujourd'hui.

5. L'occultisme avilissant : De proposer comme religion africaine le vaudou qui n'a jamais été et n'est aucunement commun à tous les traditionnels africains. En plus, ce culte non seulement pratique des syncrétismes qui sont loin d'être de la tradition pure africaine, mais aussi recourt essentiellement à des rites occultes et ésotériques qui exposent à des esprits immondes et à une mystique déshumanisante.

6. L'irréalisme inopportun : c'est un projet utopique d'envisager que tous les africains abandonnent leurs différentes adhésions religieuses pour suivre une seule religion africaine dite traditionnelle qu'un groupe d'Afro-centristes a mis sur pied, à partir de l'Occident en 2011.

7. Simplisme et extrémisme suicidaires : Penser que l'Afro-centrisme est la seule doctrine capable de libérer l'Africain par ce qu'il prône la libération spirituelle au travers d'un ensemble d'éléments spirituels collectés çà et là c'est de l'idéologisme. Nul n'a le monopole du panafricanisme. Le concept même « panafricanisme » est inclusif et la libération d'une Afrique plurielle ne se fera pas par un monolithisme.

LES QUATRE PLAIES DE L'AFROCENTRISME EXACERBE : 

Par le P. Armand Abeme

Le racisme tout azimuts (qui consiste à analyser toute réalité sociale impliquant l'Europe par le prisme du complexe néocolonial) ; 

La victimisation maladive (qui fait de l'Occident le bourreau éternel d'une Afrique incapable de résilience) ; 

L'angélisme fantasmatique (qui voit en l'Afrique une société totalement vertueuse lorsque les autres sont perçues comme vicieuses) ;

 L'imaginaire de l'authenticité (qui fait de l'originalité africaine un mythe et refuse l'échange interculturel en consacrant ainsi le repli identitaire, l'intégrisme culturel et le fondamentalisme ethnique). 

Il ns faut un panafricanisme décomplexé !

LA VRAIE QUESTION QUE L'AFRO-CENTRISME POSE AUX CHRÉTIENS D'AFRIQUE : Quel est le rôle du christianisme dans la libération et le développement des sociétés africaines ?  ( Armel O)

LA VRAIE QUESTION QUE L'AFRO-CENTRISME POSE AUX CHRÉTIENS D'AFRIQUE : Quel est le rôle du christianisme dans la libération et le développement des sociétés africaines ? 

CE QUI A ETE FAIT

- Les martyrs d'Afrique du Nord témoignent du combat pour la liberté de religion face à la dictature Berbères ou des empereurs romains qui torturaient systématiquement toutes adhésions religieuses alternatives : ce sont par exemple : Les 12 martyrs Scillitains (Tunisie 180) ; Saint Victor Ier (199), Félicité et Perpétue (203), Cyprien de Carthage (258) ; Marcel de Tanger (298), Saint Maurice de Thèbes en Egypte (287) qui était de race noire, etc.

- Le monachisme chrétien a été initié par les chrétiens d'Afrique vivant en Egypte : Antoine (356) pour l'érémitisme (les moines qui vivent isolés) et Pacôme (348) pour le cénobitisme (des moines qui vivent en communauté). Ce sont des états de vie spirituelle qui vont largement influencer la civilisation : les monastères vont développer le sens spirituel du travail, promouvoir le travail manuel et la production agricole, c'est aussi aux moines que l'on doit la structure des parlements et la fondation de certaines premières universités, etc.

- L'Eglise la plus ancienne d'Afrique noire est l'Eglise Ethiopienne. Parmi les royaumes chrétiens ayant existé en Ethiopie, il y a le Royaume d'Aksoum (dès le 4e siècle Ap JC) qui fut porteur d'une grande richesse commerciale, culturelle et militaire. Il y eut aussi la Nubie (ancien royaume de Kousch mentionné par la Bible, entre l'Egypte et l'Ethiopie) dont le christianisme a aidé à résister à l'invasion musulmane jusqu'au XIe siècle.

- Après ces siècles mouvementés, le pays se morcela. Les querelles dynastiques furent nombreuses. La seule force d'unification visible fut l'Eglise, véritable épine dorsale de la nation grâce à laquelle l'Ethiopie vint à bout de ses ennemis à la fin du 19e siècle : l'Egypte et l'Italie. Les forces armées furent battues en 1896. A l'époque d'Haïlé Sélassié, il s'agit d'une Eglise-Etat pour laquelle il va même créer une école théologique en 1944.

- Autant il faut reprocher aux missionnaires portugais du 16e siècles au Kongo, Mozambique et Angola la légèreté de leur mission qui s'est soldée par un cuisant échec, autant il faut reconnaitre que l'élan missionnaire du 19e siècle avait pour objectif de mettre fin à la traite de l'esclavage et de contrer la pénétration arabe.
- Les martyrs de l'Ouganda : 22 catholiques et 23 anglicans tués entre 1885 et 1887 à cause de leur foi chrétienne témoignent de la résistance face à la cruauté d'un pouvoir autocratique liberticide.

- Autant on doit reprocher à certains missionnaires d'avoir été au service du pouvoir colonial, autant on doit reconnaitre que les missionnaires ont semé les germes de la décolonisation en prêchant l'Evangile de la liberté et de l'égalité de tous les enfants de Dieu, et en s'investissant dans l'éducation et la santé.
- Ainsi, en général, les premiers nationalistes africains sortent des écoles catholiques ou protestantes lorsqu'ils ne sont pas eux-mêmes catéchistes, pasteurs ou leurs enfants.

- Julius Nyerere (1922-99), panafricaniste convaincu, a usé de l'Evangile pour revendiquer l'indépendance et posé les bases d'un Etat démocratique multi-ethnique en Tanzanie. L'Eglise catholique a introduit sa cause de béatification, il porte donc le titre de serviteur de Dieu.

- Elle est longue la liste des africains abolitionnistes chrétiens qui ont œuvré pour la fin de l'esclavage : le Rev Theodore S. Wright (1797-1847) fondateur de American Anti-Slavery Society ; Samuel Cornish (1858, Presbyterian minister) ; Rev. Moses Dickson (Méthodiste, 1901) ; Eliza Ann Gardner (leader méthodiste, 1922) ; Rev. Henry Highland Garnet (Presbyterian, 1882) ; Rev. Thomas James (Méthodiste, 1891) ; Rev. Jermain Wesley Loguen (Méthodiste, 1872), etc., sans oublier ceux d'origine occidentale : Theobald Mathew (prêtre catholique Irlandais 1856), Daniel O'Connell (leader catholique Irlandais, 1847), Rev John Wesley (Methodist, 1703) ; Charles Grandison Finney (Presbyteian Minister, 1875) ; Lyman Beecher (Presbyteian Minister 1863), Harriet Elisabeth Beecher Stowe (auteure presbytérienne, 1896), le pape Benoit XIV ( 1758) qui condamna l'esclavage en 1741, le pape Pie VII demanda en 1815 au Congés de Vienne la suppression du commerce de exclaves, sans oublier Pie IX en 1850, Grégoire XVI en 1839, etc.

- Saint Pierre Claver, apôtre des esclaves, représente le prototype de ces missionnaires adversaires de l'esclavage. Saint Pierre Claver est un missionnaire Jésuite Espagnole qui a exercé son ministère auprès des Africains d'Amérique.

- Le Rev. Dr Martin Luther King Junior, représente la tendance la plus pertinente de la lutte contre la ségrégation raciale aux USA. Le panafricanisme libérationniste de ce pasteur baptiste est fondé sur la non-violence. Il créa pour ce faire la Southern Christian Leadership Conference (SCLC) pour appuyer et coordonner les actions non-violentes contre la ségrégation raciale.

- En RSA, Steve Biko dont Mandela a dit qu'il « « a été le premier clou dans le cercueil de l'apartheid » élabore à partir du Mouvement de l'université chrétienne, le Mouvement de la conscience noire basée lui-aussi sur la non-violence. C'est ce mouvement qui sera à l'origine de la marche historique de Soweto du 16 juin 1976.

- Le pasteur Anglican Desmond Tutu qui prêcha aux obsèques de Steve Biko en 1977, a joué un rôle important dans cette lutte contre l'apartheid. Ce qui lui a valu le prix Nobel de la paix en 1984. Il a présidé avec bonheur la commission vérité et réconciliation mise sur pied par Mandela en 1996.

CE QUI SE FAIT
- Aujourd'hui, le rôle de médiation et de réconciliation de l'Eglise est à l'œuvre même s'il doit être amélioré sur bien des aspects dans les pays tels que le Rwanda et la RDC.

- De nombreux diocèses et congrégations religieuses sont spécialement consacrés aux services des défavorisés, des enfants déshérités, des réfugiés de guerres, des femmes, des malades, des prisonniers, etc.
- L'œuvre de l'Eglise dans l'éducation et la santé est appréciée qui se déploie même dans les zones où les services publics ne sont pas près de s'investir. Au Cameroun, les écoles catholiques comptent parmi les meilleures quoique le manque de subside et d'autres paramètres font que le coût de la scolarité ne soit pas toujours à la portée des personnes démunis.

- La comité justice et paix - là où ils fonctionnent bien - permettent de régler pacifiquement des litiges dans les communautés.
- L'inculturation permet que d'une part l'Evangile assume les valeurs authentiques des cultures africaines et d'autre part que ces dernières soient purifiées et rendues plus humaines par l'Evangile.

CE QUI RESTE A FAIRE
- Que le dialogue entre les traditions africaines et l'Evangile se poursuivent car il y a encore beaucoup de tensions et de confusions. Toutefois, pour la foi chrétienne, ce n'est pas la tradition africaine qui est première, mais l'Evangile. La première est au service de la seconde.

- Que les chrétiens laïcs surtout se rendent compte de leur vocation séculière comme sanctificateurs du temporel : leur mission c'est d'apporter la lumière de l'Evangile dans la politique, le commerce, le journalisme, le travail, le mariage, la famille, la musique, etc.

- Les rapports entre les hommes d'Eglise et les gouvernants ne doivent plus souffrir ni de la stigmatisation abusive ni de la complaisance. L'Eglise, pasteurs et laïcs, doit jouer pleinement son rôle prophétique dans la société africaine : d'annoncer, de dénoncer et de renoncer par le service de la réconciliation de la justice et de la paix.

Par Armel O
Décembre 2017.