PRENDRE GOÛT A LA PREMIERE LECTURE DU DIMANCHE

A l'école de Moïse le grand priant d'Ex 3: 1-15

EN BREF

Et si l'épisode du buisson ardent était une expérience de prière du berger Moïse sur la montagne ? On apprendrait alors que la prière commence lorsque l'on fait un détour pour avoir reconnu l'extraordinaire dans l'ordinaire de notre vie.

C'est dire que c'est Dieu qui en a l'initiative et le priant y répond par la foi. Prier pour Moïse c'est se laisser conduire par la Parole de Dieu. C'est dans cette mesure que la prière est le dialogue vivant avec le Dieu vivant qui nous découvre à nous-mêmes, nous découvre le sens de notre relation aux autres, à la nature et à Dieu...

Jésus est le buisson ardent par excellence

POUR ALLER PLUS LOIN … POUR ALLER PLUS LOIN ... POUR ALLER PLUS LOIN … 


1) D'où vient le texte ?

Il est probable que la première composition de notre texte remonte au 7e siècle avant JC à l'époque où on commença à écrire le deutéronome et pendant laquelle vécut le prophète Jérémie, etc. Ce compositeur a retravaillé des traditions orales et écrites anciennes. Plus tard au 6e siècle pendant l'exil et au 5e siècle après l'exil, il y eut d'autres ajouts qui nous ont donné la version finale que nous avons. Comment le sait-on ?

Au verset 1 : Moïse est décrit comme un bon berger. Cela fait écho à la propagande des rois assyriens de l'époque qui était vénérés comme bon berger. En plus, la montagne sainte est appelée ici « Horeb » comme dans le deutéronome et non Sinaï.

Il y a aussi des expressions typiques du deutéronome comme la « terre promise où ruisselle le lait et le miel » avec la longue liste des peuples qui se trouve au v. 8. Toujours au v.8 Dieu dit qu'il fera monter le peuple d'Egypte tandis qu'au v. 10 il parle plutôt de faire sortir. L'expression faire monter est propre au deutéronome. On constate aussi comme une répétition entre les versets 7-8 (Dieu/ faire monter) et 9-10 (Moïse/ faire sortir).

Au verset 6, il y a comme une faute de grammaire qui trahit un ajout tardif qui veut faire le lien entre l'Exode et l'histoire des patriarches Abraham, Isaac, Jacob.

L'appellation fils d'Israël (9, 10, 11, 13, 14, 15) est une marque de la rédaction du 6e ou 5e siècle av JC qu'on appelle P (rédaction sacerdotale).

2) Quel est le genre littéraire (A quel type de texte avons-nous à faire ?)

On retrouve dans notre texte la structure des récits de vocation prophétique :

a) (Ange)appel de Dieu, b -Envoi ; c-Objection ; d-Promesse d'assistance ; e-Signe. (Eg.Samuel, Ezechiel, Isaie 6, Osée, Jonas, etc).

Similitude étonnante avec la vocation de Gédéon (Jg 6) et de Jérémie 1 qui sont proches du deuteronomiste (dtr). Le deutéronome présente Moïse comme le premier des prophètes. (Dt 18:15 c'est un prophète comme moi que le SEIGNEUR ton Dieu te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères; c'est lui que vous écouterez.).

3) En quoi ce texte pourrait-il consister en une scène de prière ?

a) Les lieux :

- La montagne de Dieu : horeb = sinaï = sinè

- La place sainte (maqom)

b) L'ange et le buisson ardent

Dans les vocations prophétiques il y a souvent une théophanie. L'ange est mis ici pour pas que Moïse voit Dieu. La présence de Dieu s'exprime dans le buisson ardent qui ne se consume pas. La lumière (illumination, fruit de la présence de Dieu) ; l'extraordinaire dans l'ordinaire, Dieu se rend présent dans la création sans être la création, Dieu n'est pas la nature mais il s'y rend présent, Dieu est respectueux de la création, il ne la détruit pas. Dieu se laisse rencontrer au quotidien dans la vie ordinaire mais il faut savoir faire le détour ...

c) Les attitudes

- Moïse fait un détour

- Enlève les sandales

- Se voile le visage

d) Les verbes :

- « Voir » (9 occurrences) : la prière est le moyen de voir Dieu avec le cœur. Moïse voit le buisson ardent et rencontre la présence de Dieu. Dieu aussi voit et invite Moïse à entrer dans sa vision, son projet. Par la prière je peux entrer dans la vision de Dieu, son projet de miséricorde (son cœur sensible à la misère).

- « Dire » (13 occ) amar (dire et répondre) = dialogue. NB : Les attitudes et les paroles de Moïse sont des réponses. Dieu aussi répond à son peuple et à Moïse.

4) Qu'apprend- on de ce texte sur la prière ?

a) La prière est initiative de Dieu et réponse de l'homme

La prière est le lieu où Dieu répond à l'homme et où l'homme lui répond : la responsabilité de Dieu suscite la nôtre : dans la prière se construit une coresponsabilité. Pourvu qu'elle soit véritablement dialogue, réponse obéissante.

b) Prier c'est se laisser conduire par la Parole de Dieu

Je ne prends pas les devants, pas de volontarisme, pas de responsabilisme. Moïse peut ainsi rectifier l'autoréférencialisme d'Ex 2 : tout seul il n'a pas pu, tout seul je m'égare. Ce n'est pas sa mission, c'est la mission de Dieu à laquelle il est associée. Avec Dieu il pourra, grâce à la prière, l'action peut être féconde. La place de la parole de Dieu dans la prière est capitale, c'est elle le moteur de la prière, c'est elle qui la nourrit et conduit à une action féconde.

c) La prière prépare à l'action

Il n'y a donc pas de conflit entre prière et action : les deux participent de la responsabilité du chrétien. Elle est elle-même une sorte d'action. Elle ne déresponsabilise pas, elle ne démissionne pas, elle n'est pas perte de temps ni indolence. La prière donne sens à l'action, l'éclaire, et y renvoie.

d) La prière nous découvre qui est Dieu

La prière qui se laisse conduire par la Parole est théophanique : Dieu se révèle à nous comme le Dieu d'amour d'éternité : Je serai qui je serai :ehyeh asher ehyeh :le Dieu dont la miséricorde est sans fin mais qui reste toutefois au-delà de notre emprise. Son amour est toujours plus grand, ses miséricordes ne sont jamais épuisées. Lm 3 : 22. Ainsi Moïse est épargné aussi bien de l'athéisme que de l'idolâtrie qui consistent en des réponses définitives : la prière entretient en nous la foi qui est non pas une réponse définitive mais un début de réponse à la quête humaine. Mais ce début de réponse suscite notre responsabilité : notre réponse par la prière mais aussi par l'action comme contribution à l'œuvre de libération que Dieu a initié dans sa miséricorde manifestée en Jésus ressuscité

e) La prière nous découvre qui nous sommes

- La prière qui se laisse conduire par la parole de Dieu nous découvre aussi notre mission, le sens de notre vie, qui nous sommes vraiment : qui suis-je demande Moïse ? « Je serai avec toi ». Tu n'es jamais seul, tu n'es pas un électron libre abandonné à toi-même...Tu as une responsabilité devant Dieu (ton bonheur c'est de répondre à Dieu = relation avec Dieu). Tu as une responsabilité vis-à-vis des autres qui est en fait une coresponsabilité : Dieu donne sens à la relation aux autres car elle s'enracine en lui. Uni à Dieu, je peux mieux m'unir aux autres. Autrement, je risque l'activisme, le matérialisme, l'existentialisme stérile (responsabilisme). Le point de départ vers Dieu, vers moi-même et vers les autres c'est le buisson ardent : et le buisson ardent par excellence c'est Jésus.


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